- ÉGLANTIER
- ÉGLANTIERÉGLANTIERLe fruit des églantiers (Rosa canina L. et autres espèces; rosacées) rappelle par son nom, peu répandu en France, de cynorrhodon (du grec kunorrhodon , «ronce des chiens») l’usage très ancien des racines de la plante contre la rage (Pline, repris au XVIe siècle par Tragus et Césalpin). Le langage populaire le qualifie de «gratte-cul», signifiant par là les risques qu’encourent les imprudents qui l’avalent sans l’avoir débarrassé de sa bourre interne de poils raides, très irritants. Ce fruit, l’un des plus communs d’Europe, très usité en Suisse et en Allemagne, est ignoré en France. Bien à tort, car il constitue l’une des meilleures sources sauvages de vitamine C et procure, dûment apprêté, une excellente infusion et la meilleure des confitures. Cueillis à maturité complète, après les premiers gels, les cynorrhodons sont riches en vitamines C (de 0,5 à 1,7 p. 100 du poids sec), B, B2 et A. Ils renferment en outre, dans leur pulpe, des sucres, du tanin, des acides citrique et malique, de la pectine et des traces d’huile essentielle. Leurs graines contiennent un peu de vanilline et un glucoside toxique (nullement aux doses médicinales). Un tiers de litre de décoction à 10 p. 100 d’écorce de fruits d’églantier fournit la dose quotidienne de vitamine C nécessaire à l’homme. Cette décoction pourrait servir de remède antiscorbutique. C’est un breuvage très salutaire contre la grippe. La chaleur détruisant une partie de la vitamine, on pourrait préparer, à la saison, une conserve de fruits frais en broyant avec leur poids de sucre les cynorrhodons soigneusement débarrassés de leurs poils et de leurs graines. Ainsi nettoyés et séchés à four doux, ces fruits s’emploient en infusion diurétique et légèrement astringente, utile contre les diarrhées; c’est le «thé de cynorrhodons» des Suisses (de 30 à 60 g par litre d’eau bouillante; laisser en contact une demi-heure; passer soigneusement). Séchés entiers et pulvérisés avec les graines, ils donnent, de la même manière, une boisson sédative (les faire infuser alors dans une étamine pour retenir les poils; une cuillerée à soupe par tasse). Les graines seules paraissent avoir des propriétés voisines de celles de la passiflore; elles sont indiquées en décoction calmante dans l’insomnie, les états d’anxiété, les palpitations (50 grammes par litre). Bien mûrs, les cynorrhodons donnent une marmelade délicieuse: les cuire dans de l’eau à couvert; passer le tout au presse-purée puis au tamis; recuire la pulpe obtenue avec les trois quarts de son poids de sucre. Les fleurs sont laxatives, surtout, semble-t-il, chez les espèces du Midi (infusion de 10 à 20 grammes de pétales frais pour 200 grammes d’eau).La galle hirsute des églantiers, bédégar des apothicaires (produite par la piqûre d’un hyménoptère, Rhodites rosae L.), a une très vieille histoire thérapeutique. Elle fut prescrite au XVIe siècle dans la migraine par Sennert, au XVIIe par Hoffmann dans la «frénésie» et par S. Pauli comme somnifère. Cette dernière indication, reprise de nos jours par Dragendorff, mériterait d’être vérifiée. Se montrant utile surtout comme astringent, riche en tanin, elle est efficace en usage interne contre les diarrhées rebelles (décoction à 5 p. 100). Sa teinture en compresse favorise la cicatrisation des ulcères variqueux.Dans les Charentes, suivant une vieille recette de magie blanche, ceux qui voulaient se débarrasser de verrues introduisaient une mèche de leurs cheveux (coupée le jour de l’Ascension) dans un rameau fendu sur un buisson porteur de bédégars (symbolisant l’excroissance cutanée). À mesure que la branche se desséchait, les verrues disparaissaient...• eglenter 1080; de l'a. fr. aiglant, lat. pop. °aquilentum, pour °aculentum « qui a des piquants », de acus « aiguille »♦ Rosier sauvage. Fruit de l'églantier. ⇒ cynorhodon.églantiern. m. Rosier sauvage.⇒ÉGLANTIER, subst. masc.BOT. Rosier sauvage en arbrisseau buissonnant, aux tiges couvertes d'épines larges et recourbées, aux feuilles dentées, vertes, aux fleurs d'un rose pâle ou blanches, aux fruits oblongs, d'un rouge vif, renfermant des semences enveloppées de poils. Branche, buisson, fleur d'églantier. (Quasi-)synon. cynorrhodon, gratte-cul (pop.). Un églantier étendait ses surgeons, et les petites roses dont il était semé avaient des cœurs en poudroiement d'or (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 292). Cf. aussi aiglant ex.Rem. Cette plante a un rôle capital en hortic. pour le greffage de toutes espèces de rosiers. Elle fut longtemps employée en pharm. « Conserve de cynorrhodon ». On la prépare avec pulpe des fruits d'églantier ou cynorrhodons, 500 parties; sucre blanc cuit en consistance d'électuaire, 750 parties : on mêle exactement. La proportion de la pulpe à la masse est de 2 à 5 (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 216).— P. compar. :• ... vêtu d'un veston sombre, il n'avait conservé que la calotte rouge; on songeait, quand on le comparait à l'image colorée de son père, à un églantier dépouillé par l'hiver, que surmonte encore une graine écarlate.CHARDONNE, Le Chant du Bienheureux, 1927, p. 110.— Spéc., RELIG. CATH. [Avec une valeur symbolique] Églantier représenté aux pieds de la Vierge Marie. Des pieds adorablement nus, foulant l'églantier mystique. Et, sur la nudité de ses pieds, poussaient des roses d'or, comme la floraison naturelle de sa chair deux fois pure. — Vierge fidèle, priez pour moi! (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1311).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1718-1932. Dér. de l'anc. fr. aiglent. La 1re syll. atone, avec l'orth. ai est ouverte. Mais les graph. ai et e pouvant s'échanger dans eglantier, sous l'influence de la graph. e, la syll. s'est fermée parce qu'elle n'était pas soutenue par l'accent (cf. BUBEN 1935 § 37). Cette rem. vaut pour églantine dér. de l'anc. fr. aiglantin. Étymol. et Hist. [Fin du XIe s. aiglantier (RASCHI Blondh., p. 3 n° 14)]; ca 1100 eglenter (Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 114). Dér. de l'a. fr. aiglant « églantier » (1er tiers du XIIIe s. [Audefroy le Bastard] ds T.-L.) issu d'un lat. vulg. aquilentum, dér. irrég. de aculeus « épine, piquant » peut-être neutre substantivé d'un adj. signifiant « muni d'épines », cf. piscilentus « poissonneux », spinulentus « épineux », suff. -ier sur le modèle des noms d'arbres régulièrement dér. de noms de fruits (type pomme/pommier); cf., de formation analogue à églantier et postérieurs, coudrier, genévrier, peuplier. Fréq. abs. littér. :133. Bbg. BRUNEAU (Ch.). Romania. 1927, t. 53, p. 236. — QUEM. Fichier.
églantier [eglɑ̃tje] n. m.ÉTYM. 1080, églenter; de l'anc. franç. aiglent, et suff. -ier; du lat. pop. æquilentum, pour aculentum; du lat. class. aculeatus « qui a des piquants », de acus « aiguille, pointe ».❖♦ Rosier sauvage (Rosacées). || Baie (cit. 1) d'églantier. || Branche, buisson d'églantier. || Fruit de l'églantier. ⇒ Cynorrhodon, gratte-cul. || Galle de l'églantier : bédégar. || Fleur de l'églantier. ⇒ Églantine.1 La fleur de l'églantier sent ses bourgeons éclore.A. de Musset, Poésies nouvelles, « La nuit de mai ».2 Dans le taillis touffu, les églantiers fleuris tendaient leurs bouquets blancs.R. Dorgelès, les Croix de bois, VII, p. 148.♦ L'églantier mystique, représenté, dans l'iconographie chrétienne, aux pieds de la Vierge Marie (⇒ 1. Rose).➪ tableau Noms d'arbres, arbustes et arbrisseaux.
Encyclopédie Universelle. 2012.